Little Martin au grand coeur
La Little Martin peut paraître sans prétention, mais c’est une guitare pleine d’atouts. Elle est facile à transporter, faite de matériaux qui résistent bien aux variations d’humidité et de température et, surtout, elle sonne bien. Tout ça ne la met pas, hélas, à l’abri des aléas de la vie, et encore moins de la vie sur la route !
Lorsque cette guitare m’a été confiée, elle ne pouvait pas cacher les heures de vol qu’elle affichait au compteur – des heures pas toujours effectuées dans les conditions les plus favorables. La table d’harmonie était gravement endommagée, traversée par une grosse fracture. Deux des barrages situés en dessous étaient affectés : l’un était décollé, l’autre brisé. Sur la route, tout cela avait été temporairement réparé à l’aide de gaffer tape. Le gaffer, c’est pratique, mais on ne peut pas dire que cela rende particulièrement hommage aux guitares. Dans tous les cas, celle-ci méritait mieux.
Cette impressionnante blessure n’était pas la seule dont souffrait la guitare : la surface de la table avait été creusée par des années de strumming enthousiaste. Aux abords de la rosace, on n’était pas loin de la perforation. L’objectif de la réparation, comme toujours, n’était pas de tenter de faire de cette Martin une guitare neuve. Les marques du temps racontent l’histoire d’un instrument, et c’est beau comme ça. Il s’agissait plutôt de faire en sorte que la guitare retrouve sa sonorité et son intégrité, pour pouvoir chanter auprès de son propriétaire de nombreuses années encore.
J’ai d’abord procédé au collage de la table, à l’aide de tasseaux que j’ai placés sous celle-ci. J’ai ensuite remis en place et réparé les deux barrages. Pour finir, j’ai doublé la partie la plus usée de la table en collant sous cette dernière, une pièce de bois d’épicéa, Il n’est désormais plus question de voir un trou y apparaître !
Cette vaillante petite guitare est prête à reprendre la route.